Infections à virus ZIKA

 jeudi 4 février 2016  |  Février 2016  |  0 Commentaires
   Dr Michel NAHON , Direction Générale de la Santé

 Situation actuelle de l’épidémie la maladie à Virus Zika

Une extension progressive en Amérique latine d’une épidémie à virus Zika, flavivirus transmis par les moustiques du genre Aedes est actuellement observée. Ce moustique transmet aussi la dengue, le chikungunya et la fièvre jaune dans les régions tropicales.

L’épidémie actuelle en Amérique latine a débuté au Brésil, avec la confirmation des premiers cas en mai 2015. Elle s’est depuis étendue et atteint actuellement la quasi-totalité du Brésil et 8 pays supplémentaires (du Mexique au Paraguay) sont concernés. Depuis le début du mois de décembre, 1 cas probable et 2 cas suspects ont été signalés à la Martinique et sont actuellement en cours d’investigation. Un premier cas de Zika importé a été confirmé le 15 décembre en Guyane.

Dans les Départements Français d’Amérique (DFA), la surveillance des infections à virus Zika est en place depuis l’été 2015, sur la base de l’avis du HCSP du 28 juillet 2015 comme à La Réunion, Mayotte et en métropole (départements d’implantation de moustique Aedes albopictus). Elle repose à ce stade sur le signalement des cas importés et des cas groupés autochtones.

 Stratégie de surveillance épidémiologique

La stratégie de surveillance épidémiologique de la maladie Zika repose à ce jour sur la définition de cas suivante :

Cas suspect : exanthème maculo-papuleux avec ou sans fièvre même modérée et au moins deux signes parmi les suivants : hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies, en l’absence d’autres étiologies. Normalement, ces symptômes disparaissent en 2 à 7 jours.

Cas confirmé : Rt-PCR Zika positive (amplification en chaîne par polymérase) sur le sang ou l’urine.
NDLR : A noter que le diagnostic sérologique peut être difficile à cause de la possibilité de réactions croisées avec d’autres flavivirus, par exemple le virus de la dengue, du Nil occidental ou de la fièvre jaune.

Cas importé : personne dont les symptômes ont débuté moins de 15 jours après le retour d’un séjour en zone d’épidémie à virus Zika.

 Clinique et stratégie de prise en charge

La maladie à virus Zika est encore mal documentée dans la littérature scientifique. Au cours des épidémies recensées, elle s’est caractérisée par :

 une proportion importante de cas asymptomatiques (74 à 81%) ;
 une morbidité moins marquée que celle de la dengue ou du chikungunya. Toutefois l’observation d’une fréquence inhabituelle de complications neurologiques à type de syndrome de Guillain-Barré, et l’augmentation d’un risque de microcéphalies incitent à une vigilance spécifique en cas d’épidémie par le virus Zika ;
 une absence de mortalité directe ;
 une difficulté de diagnostic clinique et biologique, notamment lorsque coexistent d’autres arboviroses ;
 une virémie courte (actuellement peu de données sur la cinétique d’infection par le virus zika) ;
 une thérapeutique uniquement symptomatique (il n’existe pas de vaccin disponible).

En novembre dernier, les autorités sanitaires de Polynésie française ont signalé à l’OMS des cas de dysfonctionnement néonatal du tronc cérébral et des cas de malformations cérébrales in utero, contemporains de l’épidémie de Zika de 2013-2014. Ces signalements également identifiés récemment au Brésil, en cours d’investigation, suscitent une forte suspicion d’imputabilité du virus Zika dans ces embryofœtopathies.
Par conséquent, une vigilance accrue devra être réalisée auprès des femmes enceintes et tout particulièrement dans le premier trimestre de la grossesse.
Une organisation des soins, pour permettre une prise en charge adaptée des formes graves à type de syndrome de Guillain-Barré, notamment dans les services de réanimation et de neurologie devra être anticipée.

 Stratégie de diagnostic

Dès qu’un patient correspond à la définition de cas suspect, il convient de confirmer le diagnostic biologique selon les méthodes suivantes :
Prélèvement sans délai d’un échantillon biologique sanguin et urinaire afin d’effectuer un examen direct par qRT-PCR ;
En présence de signes cliniques évocateurs et d’un résultat négatif par qRT-PCR, il est alors nécessaire d’envoyer un prélèvement au CNR des arboviroses, basé à l’IRBA de Marseille. Ce laboratoire est le seul en capacité de réaliser des séroneutralisations de confirmation.

 Références

Avis du Haut Conseil de la santé publique relatif à la prise en charge médicale des personnes atteintes par le virus Zika, 28 juillet 2015.

 Comparatifs Dengue, Chikungunya et Zika

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